29 Coups pour MPVite

En résidence du 07 au 25 avril 2014
  • MPVite :
  • Romain BOULAY
  • John CORNU
  • Clément LAIGLE
  • Luc MATTENBERGER
du 26 avril au 17 mai 2014

Depuis 2007, MPVite (Manifestement Peint Vite), regroupement originaire de Nantes, a présenté 29 expositions d’œuvres inédites souvent réalisées sur place en réponse à leur environnement. Au CIRCA, après trois semaines de résidence de production, quatre artistes présentent des pièces qui s’inscrivent en écho avec l’architecture du lieu ou encore qui déplacent des formes issues du vocabulaire architectural dans un contexte d’exposition.

Le travail de Clément Laigle offre aux visiteurs une expérience visuelle qui se révèle peu à peu. Sur le grand mur du CIRCA, American Standard, un bas-relief blanc sur blanc, s’étend en deux formes géométriques d’une certaine complexité. Ce sont les plans de masse de coupes architecturales de châteaux médiévaux dessinés par l’architecte Eugène Emmanuel Viollet-le-Duc au XIXe siècle qui ont servi d’image source. Ce sont les déplacements du corps face à l’œuvre qui permettent de découvrir l’ensemble et de révéler les textures des motifs surdimensionnés. Devant la pièce murale, (Mony G.A.), un élément semblable à une poutre ou à une canalisation est suspendu à partir du plafond. Cette pièce, déplacée de son contexte, devient porteuse d’un sens nouveau, où ses fonctions potentielles sont laissées à l’imagination du regardeur.

John Cornu a réalisé une installation en correspondance avec l’espace qui l’environne, et plus spécifiquement les grandes fenêtres du CIRCA. La pièce Comme un gant est composée de huit monolithes noirs positionnés en cercle qui reprennent la forme de contreforts d’églises (sculpture documentaire). Comme chacun des contreforts est à l’envers et dépouillé de son rôle de soutien, on les reconnaît difficilement. Le positionnement des éléments mime celui de certaines prisons panoptiques (en étoile) où seuls les gardiens, positionnés au centre, peuvent voir ce qui se passe dans chacune des sections. Cette installation renvoie également au corps. Afin d’en apprécier la mécanique, le visiteur est invité à se déplacer entre les éléments.

Les rapports entre l’œuvre et le corps du visiteur intéressent également Luc Mattenberger qui travaille depuis plusieurs années sur les notions de force et de pouvoir. L’artiste utilise diverses stratégies afin de créer des moments de latence, d’attente et de peur suggérée. Les deux sculptures qu’il présente sont constituées de verre, matériau généralement utilisé pour la construction, et de tuyaux en métal qu’on retrouve dans les abris temporaires d’urgence. Toutefois, dans Sans titre (Stretched), il est difficile de ne pas projeter un usage lié à la torture des corps et, dans Sans titre (Restraint), on a l’impression que la pièce elle-même peut-être dangereuse, tout en étant fragile.

Enfin, Romain Boulay a réalisé Étais indigènes avec des madriers de peuplier jaune. Une essence rare et coûteuse en Europe. Il a fait couper les madriers dans le sens de la longueur, révélant les pigments des cernes de croissances de l’arbre, étonnamment proches de certains effets picturaux. Le positionnement de ces poutres dans l’espace est sciemment calculé de façon à permettre le déplacement à l’intérieur de l’installation. L’effet général est celui d’une jonction entre le sol et le plafond. Ce lien entre les deux espaces oscille entre l’impression de soutien, de tension ou de compression de l’architecture.

Geneviève Goyer-Ouimette


Romain Boulay

Romain Boulay vit et travaille à Nantes et à Bruxelles. Il a participé à de nombreuses expositions en France et à l’étranger. Son travail questionne le rapport de la peinture à l’espace :

« Romain Boulay opère ainsi un déplacement de l’appréhension bidimensionnelle et traditionnelle du tableau vers les trois dimensions, sur un mode distinct du minimalisme. Ce n’est en effet pas vers l’objet que tend sa pratique, mais bien vers une compréhension et une exploration du tableau comme un volume et un lieu qu’habite le regard (les Peintures immatérielles) et, plus récemment, le corps des spectateurs (dans les sculptures-installations et les déploiements architecturaux de son travail). » 1

Depuis 2005, en parallèle avec sa pratique, il développe une activité de commissaire au sein de l’association Manifestement Peint Vite (MPVite), questionnant le rapport des artistes aux lieux d’exposition, en particulier le concept de White Cube et sa neutralité.  En 2012, il devient directeur de l’association MilleFeuilles, plateforme de production qui comprend 18 ateliers d’artistes.

1 : Extrait d’un texte de Tristan Trémeau.

John Cornu

« John Cornu travaille essentiellement in situ adaptant sa pratique et son langage formel aux espaces qui l’accueillent : greffe architecturale sur la Villa Savoye de Le Corbusier, exposition de châssis carbonisés dans une galerie ou encore nettoyage « sauvage » d’une portion de mur dans l’espace public. Ses œuvres évoquent souvent la question du simulacre et tracent « les contours d’une réalité manipulée où ce qui est donné à voir ne correspond jamais tout à fait à ce que l’on pense regarder ». Souvent considérées comme rhizomiques, elles semblent se glisser dans un interstice entre minimalisme et romantisme. » 1

Son travail a été présenté au sein d’expositions personnelles et collectives en France : Palais de Tokyo,  la maison rouge, Cneai, Parvis, EAC, Abattoirs – Frac Midi-Pyrénées, Musée des beaux-arts de Rennes, Musée des beaux-arts de Calais, Biennale de Lyon ; ainsi qu’à l’étranger : MACRO (Rome), Sainsbury Center for Visual Arts (Norwich), Chambre blanche (Québec), ZQM (Berlin), Nuit blanche à Montréal, Biennale de Busan…Une première monographie consacrée à l’artiste français a été publiée suite à l’exposition John Cornu, Assis sur l’obstacle au Palais de Tokyo, à Paris, en février 2011.

John Cornu est représenté par les galeries Anne de Villepoix à Paris et Sébastien Ricou à Bruxelles.

1 : Citation de Christian Alandete

2 : © Daria de Beauvais

Clément Laigle

Après un postdiplôme à Genève en 2008, Clément Laigle s’installe en France où il continue de travailler. Son travail oscille entre la sculpture et l’installation, avec de nombreux allers-retours vers la 2D. Depuis 2011, il est également le cofondateur de MBDTCurators, entité ayant pour vocation la promotion de la création contemporaine auprès du public et des professionnels de l’art.

Luc Mattenberger

Luc Mattenberger est un artiste suisse qui vit et travaille à Genève. Il obtient un master puis un post grade en arts visuels à la Haute école d’art et de design de Genève (HEAD). Son travail se déploie essentiellement dans les champs de la sculpture et de l’installation.

Il explore les multiples connivences entre l’homme et la machine avec un intérêt tout particulier pour le moteur comme vecteur et symbole de pouvoir. Au cours de sa carrière, l’artiste a été récompensé par différents prix, notamment par le Prix d’art de la Nationale Suisse, le prix de la Ville de Genève, le Prix de la Fondation UBS ainsi que le Prix fédéral d’art 2011. Il a obtenu des résidences à Berlin (zwanzigquadratmeter, 2008), à Paris (Fondation Simon I. Patiño, 2009) et à Prague (Pro Helvetia, 2011). Mattenberger est cofondateur et coéditeur de la revue littéraire Coma.

La première monographie détaillée et entièrement illustrée du travail de Mattenberger a été publiée en 2011 .  1

: Luc Mattenberger, ‘’ No Country for Engines ‘’, Fondation AHEAD, Genève, 2010, 72 pp.

Geneviève Goyer-Ouimette

Directrice du CIRCA art actuel depuis 2013, Geneviève Goyer-Ouimette a obtenu un baccalauréat en histoire de l’art et une maîtrise en muséologie à l’Université du Québec à Montréal. Au Musée national des beaux-arts du Québec, elle a travaillé au département de la conservation et de la recherche, à titre de responsable de la collection Prêt d’œuvres d’art (CPOA). À titre de commissaire, elle a également réalisé de nombreuses expositions dont les expositions collectives Projet HoMa (Maison de la culture Maisonneuve et Fondation Guido Molinari) et Ornementation identitaire (Consulat du Mexique en partenariat avec le CALQ et le FONCA) et les expositions bilans de Catherine Bolduc Mes châteaux d’air (EXPRESSION Centre d’exposition de Saint-Hyacinthe et Salle Alfred-Pellan de la Maison des arts de Laval) et d’Éric Ladouceur Avoir/Savoir/Pouvoir (Musée d’art contemporain des Laurentides et Galerie Graff). Elle a également rédigé des textes tant pour des artistes que pour des revues d’art notamment sur le travail de Catherine Bolduc, Éveline Boulva, Marc-Antoine K. Phaneuf, Éric Ladouceur et Marcel Marois. En novembre 2015, elle sera commissaire de L’espace en dialogues une exposition regroupant dix artistes, présentée au CIRCA art actuel.