Le sommeil trouble de l’opérateur

  • Sébastien CLICHE
du 13 décembre 2014 au 28 février 2015

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Juché tout au haut d’un escalier de métal, un magnétophone à bobines fait jouer une bande audio. Mais au lieu d’embobiner soigneusement le ruban, le mécanisme de l’appareil le laisse plutôt s’échapper et glisser lentement sur un plan incliné. Au bas de cette pente, le ruban forme des arabesques qui s’accumulent les unes sur les autres. Au fur et à mesure qu’elles sont créées, les premières sont défaites, entraînées par la bande elle-même qui continue sa course pour remonter vers le magnétophone et compléter la boucle. Plus loin, une caméra reliée à un projecteur vidéo nous permet de voir, en temps réel et sous une forme magnifiée, ce processus toujours renouvelé.

La question du contrôle qui anime le travail de Sébastien Cliche est encore une fois au centre du dispositif. Mais le contrôle peut-il exister sans son contraire, le laisser-aller? Ce relâchement du contrôle, loin de générer le chaos, ne laisse-t-il pas plutôt la place à des processus d’autorégulation, sortes de mécanismes involontaires de contrôle? C’est du moins ce sur quoi compte l’opérateur au sommeil trouble, un personnage fictif responsable de ce système précaire qui risque de s’enrayer si les conditions minimales de sa bonne marche ne sont pas au rendez-vous.

Entretien vidéo avec l’artiste


Sébastien Cliche est un artiste multidisciplinaire qui vit et travaille à Montréal. Il interroge les formes narratives et la place que le spectateur peut prendre dans leur construction. Depuis plus d’une quinzaine d’années, il produit des installations, des photographies ainsi que des œuvres textuelles, vidéos et sonores. Son travail a été présenté lors d’expositions individuelles et collectives – notamment au Centre d’art contemporain de Meymac (France, 2008), à l’Œil de poisson (Québec, 2010), à la galerie Articule (Montréal, 2014), ainsi que dans des festivals établis comme MUTEK (Montréal, 2005 et 2010). En tant que commissaire, il a réalisé l’exposition itinérante L’Oreille dans l’œil (Montréal, Ottawa et Québec, 2007-2008). En 2012, il recevait la bourse Claudine et Stephen Bronfman en art contemporain et exposait à la galerie Optica (Montréal) puis, en janvier 2013, à Momenta Art (New York) dans le cadre de l’événement Montréal-Brooklyn. En 2014, il a lancé La doublure, une publication portant sur le projet du même titre présenté à la Galerie de l’UQAM (2012).