À L’ENDOS : installation sculpturale et sonore

  • Ane-Marie Fortin
du 23 octobre au 20 novembre 2010

Par le biais de la sculpture et de l’installation, je poursuis une réflexion sur la notion du corps en relation avec la perception et la subjectivité. Ainsi, ma démarche artistique s’oriente autour d’une problématique qui consiste à produire un espace d’appropriation, où le sens passe par l’implication du corps et s’articule à l’aide d’analogies anthropomorphiques. Afin d’ouvrir cette problématique j’ai souhaité introduire dans ma pratique une nouvelle dimension c’est-à-dire le son. J’ai alors eu l’idée d’une installation sculpturale et sonore, proposant une vision du corps envisagé de l’intérieur et composée à travers une série de sculptures reliées par un dispositif sonore. Partant d’un point de vue poétique, j’ai souhaité produire une représentation qui diffère de l’imagerie médicale. Il faut donc concevoir À l’Endos comme une métaphore qui nous renvoie, sur un plan symbolique, à notre propre organicité.

Il y eut d’abord un travail de recherche formelle où il s’agissait de redéfinir en des termes sculpturaux l’image du corps et de ses organes, afin d’aborder autrement la relation ambiguë que nous entretenons avec ces formes. Par la suite, j’ai produit, à l’aide des procédés de moulage, une kyrielle d’objets hybrides, aux allures anthropomorphiques, alliant le plâtre, la cire, la pulpe de papier, le cuir et le silicone. Ainsi, la question de la représentation des structures organiques internes s’est résolue à travers une image fragmentée et plurielle. Et c’est au cours de ce processus, que des haut-parleurs furent fixés à l’intérieur des moules, de manière à ce que le son puisse être diffusé à travers chacune des pièces.

Pour la conception sonore, j’ai travaillé avec Gilles Maillet compositeur de musique électroacoustique. Ensemble, nous avons choisi d’approcher le son, d’abord en fonction des pièces faisant partie de l’installation, puis de manière globale comme une forme autonome. Chaque son aura un caractère singulier, et un lien temporel, établi entre les différentes pièces de l’installation. Le résultat peut sembler aléatoire pour quelques instants, mais au fil du temps, l’organisation des sons sera perçue dans son ensemble comme une orchestration. Enfin, nous avons modulé les sons de manière à ce qu’ils aient une texture organique, tout en gardant un lien avec la forme acoustique de chaque sculpture.

Le fait d’introduire une dimension sonore à cette installation nous a forcé à penser l’image du corps par le biais de formes sonores. Une fois de plus nous avons choisi de nous éloigner du réaliste au profit de la métaphore. Nous avons également considéré que le spectateur serait probablement tenté de poursuivre une logique analogique et qu’il ferait d’emblée interagir les formes sculpturales et sonores. Notre inquiétude fut qu’à travers cette interaction la dimension sonore devienne simplement un moyen de produire une représentation du corps plus complexe. Aussi nous avons tenté de travailler la forme sonore de sorte qu’elle puisse, à elle seule et de manière autonome, fournir une représentation singulière de l’intérieur du corps.


Ane-Marie Fortin vit actuellement à Montréal. Depuis plusieurs années, son travail s’affirme par le biais de la sculpture et de l’installation. Elle a récemment entamé un doctorat en études et pratiques des arts à l’Université du Québec à Montréal où elle poursuit une réflexion sur la manière dont l’activité perceptuelle fonctionne tout au long du processus de création et au cours de la réception publique d’une oeuvre.

Elle a obtenu une maîtrise en arts à l’Université du Québec à Chicoutimi, et elle a complété un baccalauréat en arts visuels et médiatiques à l’UQAM. Ane-Marie Fortin a également fait des études à l’École Supérieure d’Art de Quimper en France et elle a enseigné la sculpture à l’Université du Québec à Montréal.

Son travail a été présenté dans de nombreuses expositions individuelles et collectives, au Québec et en France, notamment à Montréal dans le cadre de l’évènement Espace Émergent, tenu à l’ancienne usine de l’American Can (2003), à Granby, au 3ème Impérial lors du projet d’infiltration de l’espace public Espace de réfection (2006) et au Musée Régional de Rimouski lors de l’exposition Les perméables (2008).