All is not as it seems

  • Lalie DOUGLAS
du 27 février au 03 avril 2010

Dans un monde plus factice que faux, comment déterminer ce qui constitue vraiment la réalité? Dans son exposition solo au Circa, Lalie Douglas propose une série de vignettes sur l’incapacité de la représentation – un monde joyeusement artificiel qui dément son incapacité à nous convaincre de sa véritable nature.

Tel une sorte de peep show ontologique, cette installation offre de multiples visions sur d’inaccessibles tableaux tout à la fois doucement contraignants et comiquement macabres. Le spectateur qui pénètre dans la galerie s’immobilise, immédiatement confronté à la facade arrière d’une maisonnette grandeur nature dont les fenêtres laissent entrevoir, par-delà le plancher vide, des dioramas miniatures disposés sur les murs distants. Des oeilletons et viseurs judicieusement orientés permettent de découvrir une variétés d’objets domestiques et de mises en scène, mais tout ici n’est pas évident.

Il ne s’agit pas ici du monde idéalisé de la miniature qui nous emporterait et provoquerait la rêverie. Au contraire, nous nous surprenons à regarder et à détailler de minuscules formes sculptées et moulées qui se voudraient réelles. Non seulement est-il flagrant que ce monde imaginaire ne ressemble pas à ce qu’il est sensé représenter, mais il souligne en plus cet échec par d’ironiques évidences – et tout part en fumée.

Par une sémiotique simple, Lalie Douglas crée une déception qui questionne la définition même de la perception. En contrôlant les angles de vision, elle offre divers niveaux de lecture auxquels nous puisons notre information visuelle. En offrant divers mode de visionnement – larges, étroits, partiels, illusoires – elle crée une élégante métaphore des artifices de l’art et de l’arbitraire échafaudage social. Négociant notre parcours dans d’incommensurables horizons, accumulant des perspectives et des valeurs ici et violant des règles ailleurs, nous composons notre vision du monde.

Cet oeuvre incorpore des éléments et élabore des thèmes qui sont récurrents dans l’oeuvre de Douglas depuis une dizaine d’années. Lors de ses récentes performances extérieures, divers objets minitieusement ouvrés – délicieux gâteaux en forme de maison, oiseaux en chocolat, maisons de glace fondante – étaient consommés ou laissés sur place comme « cadeaux trouvés ». Dans tous les cas, leur fabrication autant que leur destruction constituaient l’oeuvre; le « faire » constituant l’événement – beaucoup plus que l’objet physique.

Ici, en galerie, nous considérons cette collection d’objets signifiants dans le contexte d’une nouvelle syntaxe; comme étant des participants à une narration qui établit la perception comme un événement. Fragmentée, son rythme ralenti, notre expérience visuelle est désormais tempérée par un ensemble de barrages qui intervient sur notre perception de l’espace de la galerie. La notion de galerie comme espace intermédiaire est réinventée à l’intérieur de l’étendue vide qui nous relie aux interventions des murs : le galerie entière devient alors un lieu d’observation.

Barbara Wisnoski


L’artiste montréalaise Lalie Douglas crée des objets, des installations et des performances qu’elle présente au Québec et à l’étranger. Parmi ses récents projets : Donner moi vos peurs (Calgary et Montréal en 2009), Ce qui nous retient (Toronto en 2009), Failing, (Boston en 2008), En avez-vous vu ? (Montréal en 2007) et Petits oiseaux morts comme unités de mesure (Montréal en 2006). Son travail a été soutenu par plusieurs bourses de recherche et de création attribuées notamment par le Conseil des arts du Canada. Elle détient une maîtrise en art de l’Université Concordia.

Site internet de l’artiste