De la chair au continent _une Pietà

  • Louise VIGER
du 08 septembre au 13 octobre 2012

Avec la collaboration de
Éric Champagne (musique)
et Denise Desautels (poésie)

Les Editions Rosselin présenteront le livre de l’artiste Du Blanc à éteindre
Texte : Denise Desautels
Dessin : Louise Viger
Conception et réalisation : Jacques Fournier 

La nouvelle réalisation de Louise Viger s’inscrit dans le sillage de son travail sur les cinq sens, qui trace depuis plus de quinze ans une sorte d’itinéraire où le souffle et la respiration se mesurent au poids des statues; l’aérien et le léger, à la pesanteur du nombre. Ce travail évoque l’imperceptible, la fragilité, le temps et la vie que l’on ne peut figer. Les notions de barrières, de limites, de lignes de résistance, de remparts y tiennent une place importante et particulièrement ambiguë.

Ce projet a pour but de questionner certains espaces de protection à travers une image célèbre – La Pietà de Michel-Ange – qui met l’accent sur la vulnérabilité des bras et sur «le drapé tombé»1 d’une sorte de «défroque»2 sans corps. Avec en fin de compte l’impensable mort.

L’installation réunit trois disciplines: les arts visuels, la poésie et la musique. Voix poétique et musique, pourquoi? Parce qu’elles s’inscrivent dans la durée et l’effacement, le début et la fin. Parce que cette relation tendue entre espace sonore et espace visuel donne à l’ensemble une durée qui lui est propre et lui permet de conserver ainsi sa propre unité de temps.

Des collaborations diverses avec d’autres artistes ont souvent fait partie des réalisations de la sculpteure. À titre d’exemples: 350˚ autour de l’objet en 1986 avec Gilbert Boyer; Dépaysement de sens, en 2005, avec Denise Desautels et Jacques Fournier; et en 2010 avec Têtes, un projet qui réunit six poètes: Martine Audet, Louise Bouchard, Denise Desautels, Louise Dupré, Catherine Mavrikakis, Gail Scott.

Pour cette exposition, la poète Denise Desautels et le compositeur Éric Champagne ont créé une œuvre inédite pour ce projet.  L’enregistrement de cette trame sonore est diffusé en boucle dans l’installation, au cœur même de l’absence.

«[…]pour ce projet de pietà […]Louise Viger n’a pas résisté à la tentation d’expérimenter de nouveaux matériaux, en l’occurrence de la colle thermofusible (familièrement appelée “colle chaude”) et, expression trouvée chez Suzanne Jacob oblige, le grain de 500 gommes à effacer […]elle en a dessiné une surface longue de plus de 60 mètres et large d’environ 2 mètres, ce qui a nécessité 5000 bâtons de colle.  On repense à la définition qu’elle-même donnait, en 2004, de son “capteur de rêves” fait de bréchets: “Un volume sans masse. Et un poids paradoxal chargé de longs mois d’élaboration.”  C’est dire qu’elle avance pratiquement à l’aveugle.  Bien sûr il y a une maquette, mais la pratique de l’artiste a surtout l’habitude de faire ressortir les limites de ce type d’intermédiaire.»3

L’installation est accompagnée d’un livre d’artiste qui comprend un poème inédit de Denise Desautels et un dessin à la colle thermofusible  de Louise Viger. du blanc à étreindre a été conçu et réalisé par Jacques Fournier des Éditions Roselin.

Dès l’entrée dans l’espace d’accueil, Nuit d’efface expose deux sièges entre chaise et fauteuil, l’un servant de socle au renversement de l’autre. Un espace clos qui ne conserve plus que des résidus d’effaces et un amoncellement d’ailes de papillon de nuit.  Au mur, lui faisant écho,  un personnage suspendu entre de longs bras fait figure de camisole de force.

1 Ninfa moderna, essai sur le drape tombé de Georges Didi-Huberman, Gallimard 2002
2 Idem
3 Extrait du texte de Gilles Daigneault intitulé Trois notes sur la pratique de Louise Viger,  catalogue De la chair au continent _ une pieta, 2012


Née à Grand-Mère, elle vit et travaille à Montréal. Ses oeuvres ont fait l’objet de plusieurs expositions individuelles au Québec — tant dans des galeries (notamment chez Chantal Boulanger, Christiane Chassay, Joyce Yahouda, Charles et Martin Gauthier) que dans des musées (MACM et MNBAQ) et dans divers centres d’exposition (CIRCA, Galerie AxeNéo7, Centre d’exposition de Baie-Saint-Paul, maisons de la culture Frontenac et Plateau-Mont-Royal, entre autres) — de même qu’ailleurs au Canada et à l’étranger. De plus, Louise Viger a souvent été invitée à participer à d’importantes expositions de groupe; mentionnons pour mémoire Seeing in Tongues/Le bout de la langue, une exposition-culte conçue par Johanne Lamoureux sur les arts visuels et la langue au Québec, Artefact 2004 Sculptures urbaines, sur le mont Royal, Femmes artistes du XXe siècle au Québec (MNBAQ), The Tongue of Shadows / Des mues et des poussières avec Catherine Bolduc et Danièle Sauvé (GASP, Boston / Galerie Joyce Yahouda, Montréal), Le vêtement dans l’art (Galerie Simon Blais, à l’occasion du 20e anniversaire de la maison). Elle a réalisé à ce jour une dizaine de sculptures publiques parmi lesquelles Voix sans bruit (Grande Bibliothèque du Québec à Montréal, 2005) et Des lauriers pour mémoire, en 2008, en hommage à Jean Duceppe, pour le parc du même nom à Montréal. Le travail de Louise Viger, qui a été généreusement commenté dans les principaux journaux et périodiques depuis plus de 25 ans, a fait l’objet d’un dossier bien illustré dans le numéro d’été 2010 du magazine Spirale.

Site de Louise Viger

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