Eurydice

  • Chloé BERTRAND
du 14 février au 21 mars 2009

Respicere en latin signifie regarder par l’esprit, mais aussi regarder vers l’arrière, se retourner pour regarder.

Veuillez porter les lunettes à vos yeux avant d’entrer…

Eurydice fait directement référence au mythe grec du poète Orphée qui tente de libérer du royaume des morts sa femme Eurydice qui est morte le jour de leur mariage. Pour ce faire, Le dieu des morts accepte finalement qu’elle le suive hors de son royaume, sous la condition qu’il ne se retourne pas pour la regarder avant d’être sorti du monde des morts. Cependant, à la porte menant au monde des vivants et sous les rayons du jour, inquiet, Orphée se retourne pour voir si elle est bien là; elle s’envole aussitôt, perdue à jamais. Ce mythe revisité est le prétexte pour exposer des enjeux contemporains.

Eurydice est une installation vidéo interactive dont l’image pose le regard sur le spectateur et non l’inverse. L’exposition offre une image qui courtise et se dérobe à un regard qui désire et perd ses repères ; il s’agit du dévoilement d’un voile, et non celui de l’image. Eurydice est une image
qui n’est que lorsque le regardeur est présent et qu’il ne regarde pas. Un regard suffit à briser l’image. Celui qui se veut voyeur est réduit au rôle
de regardeur. Vidéo signifiant je vois, cette installation questionne l’objectif de ce médium en passant de la vue au regard. Eurydice est accessible aux voyeurs mais seulement au-delà du spectateur qu’elle déserte ; ils assistent ainsi de manière privilégiée au regard non
récompensé. Eurydice avance vers le spectateur, mais elle lui échappe, se référant encore à la perte pour qui pourrait la voir. Elle est inaccessible ;
elle est la femme de l’autre monde, la banshee en Gaélique. Les fantômes sont souvent surnommés « apparitions ». Dans le cas d’Eurydice, fantôme
recouvert de son voile blanc, il s’agit d’une apparition résorbée au regard et qui le fuit dans sa disparition. Elle voile l’image et révèle que voile il y a. L’idée de la transcendance et de l’immanence se tournent le dos.

Si elle sait se faire désirer, Eurydice ne veut pourtant pas déplaire en se dérobant au regard, en se refusant. Elle veut plutôt faire réfléchir ; sur la vue et le regard, sur les attentes et les désirs. Eurydice témoigne de l’exposé en restant hors-scène, sur ce vouloir voir en frappant de cécité. Le regard du public est ce qui entre en scène. Eurydice dépeint l’inaccessibilité et le lien avorté entre l’image et son spectateur. Elle est l’ombre projetée du spectateur rendue visible sous la lumière de l’oeuvre.

Chloé Bertrand

Eurydice fut réalisée avec l’assistance d’une subvention du CIAM (Centre Interuniversitaire des Arts Médiatiques).


CV ABRÉGÉ

SCOLARITÉ

2004-2007 Master of Fine Arts (MFA) – Open Media, Université de Concordia, Montréal
2000-2003 Baccalauréat en arts plastiques,Nouveaux médias, Université Laval,Québec

EXPOSITIONS INDIVIDUELLES (sélection)

2009 Eurydice, Centre Circa, Montréal, Québec
2007 Moirae – Demi-vie, Galerie MFA, Université Concordia, Montréal, Québec
2004 Lux Obscura, Salle d’exposition du pavillon Alphonse-Desjardins, Université Laval, Québec
2001 Soeurs et Déesses, Amour Sorcier, Québec

EXPOSITIONS COLLECTIVES (sélection)

2009 FIMA – Festival International Montréal en Arts, Montréal, Québec (à venir)
2007 Compression, Galerie Artmur, Montréal, Québec
2006 French Kiss – Art Matters Exhibition, CDEx, UQAM, Montréal, Québec
2006 Bourget – White Cube on the Move, Exposition MFA, dans des camions sur la rue
St-Catherine et Maisonneuve à Concordia, Montréal
2004 Merveilles du Moment, Bourget Gallery, Montréal, Québec
2004 25 ans à être nous-mêmes, Salle d’exposition du Pavillon-Alphonse-Desjardins, Québec

ÉVÉNEMENTS ARTISTIQUES

2005 In-Transit Cabaret. Montréal Arts Interculturels (MAI), Montréal
2003 Festival du Film Étudiant de Québec, Amphi-théatre Hydro-Québec, Université Laval, Québec
2002 Des-aseptisations – 9è édition de la Biennale des Couvertes, Le Lieu, Québec

Extrait vidéo de l’installation