Frantiska +Tim Gilman

    du 05 mars au 09 avril 2005

    « …we might say that certain cultural objects afford memories of ego experiences that are now profoundly radical moments. Society cannot possibly meet the requirements of the subject, as the mother met the needs of the infant, but in the arts we have a location for such occasional recollections : intense memories of the process of self-transformation. »

    Christopher Bollas
    The Shadow of the Object – Psychoanalysis of the Unthought Known

    Nous sommes formés par notre passé, mais ce sont précisément les périodes oubliées qui sont les plus profondément ancrées en nous et qui finalement nous marquent le plus. Aussi, pour nous comprendre nous-mêmes et pour comprendre le passé, nous faut-il nous concentrer sur les empreintes de ce passé plutôt que sur une réalité formelle.

    Les artistes minimalistes ont introduit la notion psychologique de la gestalt – ou théorie de la forme – dans l’art : que l’art est ce que vous voyez devant vous, des formes de base, accessibles et fondamentales. Il apparaît aujourd’hui que leur travail reflétait leur perception du monde – décisif, évident, rationnel, accessible.

    Nous nous situons sur un terrain beaucoup plus instable. Il ne semble pas exister d’assise solide pour la conviction et nous ne vivons pas dans la certitude. Nous ne basons pas nos vies et notre travail à partir de principes rigides. Chaque jour, nous réagissons à ce que nous percevons et à la multitude de messages, d’informations et de changements dont nous sommes les témoins.

    Ainsi, pour cette exposition, avons-nous revisité des oeuvres de tradition minimaliste qui ressemblent à des tentatives de créer des formes résolues. Ces oeuvres reflètent la solidité d’un système, la pensée, l’expérience humaine. Les matériaux simples utilisés par ces artistes et l’absence de fioritures ou de préoccupations d’ordre esthétiques nous laissaient le champ libre pour partir à la découverte du potentiel de transformation inhérent à l’objet.

    Nous les avons extraits de souvenirs, de placards et de livres pour leur redonner vie.Cependant, notre processus fonctionne au contraire de leurs convictions ; nous faisons appel à l’illusion, à l’immatériel, non pas à la gestalt mais bien à l’impression.

    L’appropriation de leur travail constitue un tremplin à nos efforts pour nous introduire dans ce changement vers le concret qui fait la différence entre aujourd’hui et l’histoire à laquelle nous nous nourrissons. Nous cherchons sans fin quelque chose dans le futur qui réside dans le passé. Sans savoir ce que nous recherchons, nous nous rappelons que nous oublions et que l’oublie est essentiel.


    Frantiska + Tim Gilman vivent à Prague et à Brooklyn. Ils ont une création artistique commune et oeuvrent ensemble comme critiques d’art et commissaires d’exposition.

    Expositions solo

    2005 Futura, Prague
    Circa, Montréal
    2004 “The King’s Two Bodies” Davide Dimaggio Mudimadue, Berlin et Milan
    2003 “Solo” Gallerie NOD, Prague
    “In Practice” Sculpture Center, NY
    2000 Gallerie V.Spaly, Prague

    Expositions de groupe

    2004 “Open House : Working in Brooklyn” Brooklyn Museum, NY
    “Nowhere else but here” Danielle Arnaud Contemporary Art, Londres
    2003 “Regionale” Kunsthalle Basel
    “Exit Biennial : The Reconstruction” Exit Art, NY
    2002 “Painting as Paradox” Artists Space, NY
    1999 “Fauna” Zacheta Gallery of Contemporary Art, Varsovie
    “Perplex” Gallerie V. Spaly, Prague

    Article d’Isa Tousignant dans The Hour, avril 2005