LE NUAGE D’INCONNAISSANCE
- Guy LARAMÉE
-Hommage à Gerhard Richter-
“The eye and fantasy feel more attracted by nebulous distance than by that which is close and distinct in front of us”
Caspar David Friedrich“I have nothing to help me, no idea that I can serve in return for being told what to do, no regulations that tells me how, no belief to show me the way, no image of the future, no construction that I can place on things in order to be given an overriding meaning…”
-Gerhard Richter
Gerhard Richter, peintre romantique allemand du 20e et 21e siècle, a mis au point et à son insu un principe que j’ai appelé en son hommage « Le principe Richter ». Ce principe stipule que le flou restitue le spectateur à lui-même. Dans le flou, nous avons une chance de nous voir nous-mêmes, en train de fabriquer l’oeuvre. Mais en fait, Richter n’a rien inventé. Le taoïste chinois Lao-Tseu écrivait déjà au 6e siècle av. J.C :
« Avec moins, on trouve, avec trop, on se perd. »
Une fois appliquée à l’art, l’idée est simple : il faut laisser au spectateur l’espace nécessaire pour chercher le réel de/dans/par l’oeuvre. Ceci revient à dire qu’une chose n’est vraie que lorsque c’est nous qui la découvrons. Et en dernière instance, ce que nous découvrons, ce ne sont pas des choses, c’est nous-mêmes. Il n’y aurait, pour ainsi dire, rien de plus à rajouter, si tout ceci n’ouvrait sur un problème beaucoup plus important, qui est celui de ce que nous appelons « réel » justement, c’est-à-dire la question de notre place dans le monde.
Au 13e siècle un contemplatif anglais jusqu’à ce jour anonyme a écrit le classique «Nuage d’inconnaissance », qui stipule que pour accéder au réel il faut dissoudre le « Je » et que pour ce faire, il faut passer par un état où l’on ne sait plus rien – un fait d’ailleurs confirmé par l’ensemble des traditions contemplatives (Bouddhisme Zen, Soufisme, etc). Le « principe Richter » pourrait donc être une manière timide pour nous, artistes, d’entrer dans ce brouillard et d’accéder au degré zéro du réel. Ce réel ne serait autre chose que nous-mêmes, tels que nous sommes en l’absence du Je.
Depuis 2003, mes voyages m’ont amené dans les pays où « le ciel recouvre la terre », les pays où les nuages enveloppent les montagnes comme pour les protéger. Cette image est devenue un symbole directeur dans mon travail. Le brouillard est aujourd’hui ma manière de rendre hommage aux artistes qui ont cherché la liberté, non pas dans un imaginaire hédoniste ou dans la sécurité des concepts, mais au coeur même de l’incertitude, dans le dictat implacable de ce qui est.
« Et frappe à coups redoublés sur cet épais nuage d’inconnaissance avec la lance aiguë de l’amour impatient. »
Guy Laramée
automne 2008
Biographie sélective
Arts de la scène (faits saillants):
-Fondateur de Tuyo, ensemble de musique microtonale et gestuelle pour instruments inventés.(86-92). Tournées nationales et internationales.
-Théorie du désert, opéra de chambre (91), Théâtre La Chapelle, Montréal.
-Marche de nuit, spectacle interdisciplinaire au Musée d’art contemporain de Montréal (94) et au Carrefour Internation de Théâtre, Québec (96)
-Musique et instruments pour le cycle des Shakespeare de Robert Lepage (92). Tournée internationale.
-Conceptions pour Andrew Harwood, Daniel Soulière, Larry Tremblay, Jean-Frédérique Messier, Volker Hesse (Suisse), Rachel Rosenthal (USA), Martine Beaulne et La Nef, Ganesh Anandan. (de 88 à 2004).
Arts visuels (récent):
Solos :
Galerie de l’UQAM, Montréal, 2004
CIRCA, Montréal, 2004
Galerie de l’UQTR, 2004
Espace virtuel, Chicoutimi, 2005
Horace, Sherbrooke, 2005
Axe Néo 7, 2006
Galerie Lacerte, Québec, 2006
Praxis, Ste-Thérèse, 2007
Galerie Orange, Montréal, 2008
Collectif :
450 Broadway Gallery, NY, 2002
Maryland Art Place, Baltimore, 2002
La Grande bibliothèque du Québec, 2004
L’Écart,, Rouen-Noranda, 2005
Center for Book Arts, NY, 2006
Parisian Laundry, Montréal, 2006
Galerie Orange, Montréal, 2006
Art Institute of Boston, 2006