Le silence de mon habit comme un cérémonial, une élucidation d’idées claires, en mon pouvoir de femme.

Performance
  • Belinda CAMPBELL
le 22 octobre 2016 à 14h et 16h30

Le silence de mon habit
comme un cérémonial,
une élucidation d’idées claires,
en mon pouvoir de femme.

Les performances de Belinda Campbell se présentent comme autant de mises en situation et de personnages qui révèlent et retiennent tout à la fois. Si les costumes et les accessoires qui en définissent l’apparence – comme l’habit de clown dans Le bolero de bonnes boucles! (2012-2014) ou le « coverall » dans Le décatalogue (2016) – ont quelque chose d’extravagant et d’extraverti, ils sont aussi extrêmement secrets, ils occultent quelque chose. Très visuels, ils en mettent plein la vue. C’est comme s’ils machinaient pour détourner notre attention car, parallèlement, ils cachent et camouflent le corps de la performeuse; dans son effacement, celui-ci est transformé, protégé.

Avec Le silence de mon habit comme un cérémonial, une élucidation d’idées claires, en mon pouvoir de femme (2016), Campbell revêt à nouveau le « coverall », mais il sera cette fois augmenté d’éléments à la fois visibles et invisibles, voire même risibles. C’est que la figure du clown n’est jamais bien loin. Il est intéressant de noter que les signes clés de cette figure se présentent généralement à travers accessoires et maquillage, qui sont aussi des signes clichés de la figure de la femme et qui, au surplus, sont parfois assimilés à un certain pouvoir : rouge à lèvres et chaussures à talons à l’avant-plan. Or ici ni fard ni rouge à lèvres. Non, le rouge est ailleurs; il est cet élément, bien visible au milieu du visage qui a le pouvoir de dire « ce personnage n’est pas moi, et il pose ces gestes qui ne sont pas les miens… ». Le son intervient ensuite comme extension des gestes, expression intangible et abstraite de ceux-ci; il est ce langage qui excède la parole et le mouvement du corps. Le son est une lumière que contient l’habit qui cache – et cette lumière ne saurait se dire autrement.

Nathalie Bachand

Belinda Campbell est une artiste multidisciplinaire qui vit et travaille à Montréal. Son travail oscille surtout entre la performance, la vidéo-performance, la musique, le dessin et la poésie. Elle a présenté plusieurs fois son travail en solo et en collectif, notamment à Axe Néo 7 à Hull-Gatineau, à l’Œil de Poisson à Québec, à Dare-Dare et à Optica à Montréal. Ses vidéos ont été diffusées au théâtre Cafoutche à Marseille et au théâtre de l’Embobineuse et dans le cadre du FIFA (Festival internationale du Film sur l’Art), commissarié par Nicole Gingras. En 2004, elle commence à s’intéresser à la performance, de façon solo et aussi en duo avec Caroline Dubois. Ensemble, elles formeront le duo Fesses et Crécelle (2006-2010) et présenteront leurs pièces au Théâtre La Chapelle ainsi qu’à Clark. En 2013 elle présente pour la première fois une performance à l’étranger, à Helsinki en Finlande. Pianiste d’improvisation, elle s’intéresse à la manipulation de certains instruments qu’elle aborde en composition : entres autres, le kalimba, le bandonéon, et le korg. Elle a récemment conçu avec l’artiste Pascal Dufaux La chambre kaléidoscopique, un projet qui allie machine vidéo-cinétique et performance musicale. En 2016, elle performa au Musée d’art de Joliette, dans une exposition de l’artiste Stéphane Gilot où elle s’intéressa à la rencontre entre la construction d’un personnage et de la musique avec l’utilisation d’un micro-contact.

Nathalie Bachand est auteure et commissaire. Elle écrit régulièrement sur les arts visuels et médiatiques. De 2006 à 2016, elle a été responsable du développement pour ELEKTRA et la Biennale internationale d’art numérique (BIAN) pour qui elle a notamment initié, conçu et dirigé le projet de publication Angles arts numériques (2009). En 2012 et 2014, sur l’invitation d’OBORO, elle a développé, coordonné et animé une série d’ateliers théoriques sur les arts médiatiques. Activement impliquée dans le milieu culturel, elle est actuellement membre du comité de rédaction de la revue ETC MEDIA et commissaire pour le projet d’expositions du réseau Accès culture pour le 375e de la Ville de Montréal qui aura lieu en 2017.