Les Inflexions II

Déjouer l’espace

La recherche de Marie-Josée Laframboise se concrétise depuis le début de sa carrière par une utilisation bien particulière de l’espace. Sorte d’ingénieure, d’architecte, de mathématicienne, elle met en image des concepts au moyen de constructions étonnantes faites de divers matériaux. Qu’il s’agisse de bidons de lave-glace, de bandes torsadées de papier kraft, de filet, de billes, de bandes de tissu, de tubes thermorétractables, de cerceaux, l’artiste réussit toujours à créer des associations en déjouant l’espace du lieu, par des constructions où légèreté et densité sont mises en relation.

Dans cette nouvelle recherche Les inflexions, Marie-Josée Laframboise utilise l’objet fétiche qu’est le cerceau, il s’agit d’un travail surprenant et ludique par le choix du matériau artistique et son utilisation. L’étonnement du visiteur vient aussi du détournement de la fonction de l’objet, puisqu’il est devenu un tube coloré soulignant des associations de couleurs différentes, mais intensément énergiques.

Les installations Les inflexions I et II sont littéralement des dessins qui prennent forme dans l’espace. Le cerceau devient un matériau par sa découpe et ses agencements. Les formes sont souples et aléatoires et se déploient en réseaux linéaires. L’œuvre évoque des systèmes indépendants gravitant les uns à côté des autres. L’allusion aux mathématiques est importante ici et s’établit davantage, comme son titre l’indique, par une référence aux points d’inflexion de la courbe; en géométrie différentielle, ce point permet un changement du type « convexe » au type « concave » ou inversement. On assiste donc dans ces œuvres à une métaphore artistique de multiplications de courbes graphiques s’entremêlant comme si les équations se matérialisaient dans l’espace.

Ce qui est vraiment étonnant dans la démarche de cette artiste, c’est la simplicité des matériaux employés et leur déploiement en installations parfois presque monumentales. La fertilité de l’imagination de Laframboise n’est pas à remettre en question, ni sa capacité à investir l’espace, puisque salle d’exposition, boisé, passage entre édifices, câblages électriques ou de tramway, ou une simple feuille de papier l’inspirent à créer des réseaux de relation, à unir le probable et l’improbable. Une recherche où le ludique, le rationnel et la métaphysique tissent des liens!

Jocelyne Fortin

Directrice et commissaire de Langage Plus

Le projet Les inflexions I a été présenté à Langage Plus (Alma) à l’été 2013.

Site internet de Marie-Josée Laframboise

Née à Québec, Marie-Josée Laframboise vit et travaille à Montréal. Titulaire d’un Baccalauréat en arts plastiques (1987) et d’un certificat en sculpture (1994) de l’Université du Québec à Montréal (UQÀM), elle obtient en 2002 une maîtrise en arts visuels de l’Université Concordia. En 2000, au cours de sa maîtrise en arts visuels, elle participe à un échange international à la Glasgow School of Art. Outre le Canada, ses œuvres ont été présentées à plusieurs reprises en France, en Suisse, en Allemagne et en Autriche lors d’expositions individuelles et collectives, de résidences ou de symposiums. Marie-Josée Laframboise enseigne depuis 2006 au Collège Lionel-Groulx, à Sainte-Thérèse. Elle a aussi enseigné à l’UQÀM, à l’Université du Québec en Outaouais, à l’Université Concordia ainsi qu’à l’Université d’Ottawa. On trouve ses œuvres au sein de collections privées et publiques importantes, dont la collection Prêts d’œuvres d’art du Musée national des beaux-arts du Québec, la collection du Musée d’art de Joliette, du Cirque du Soleil ainsi que celle de la Fondation Christoph Merian, en Suisse.

Marie-Josée Laframboise remercie le Conseil des arts et des lettres du Québec et le Conseil des Arts du Canada pour leur appui à cette recherche. Elle souhaite aussi remercier Diane Morin pour son assistance à la réalisation du projet Les inflexions II.