L’étendue de ton état : ni l’une ni l’autre de ces postures ne pourra définir la vue que tu décrivais

Performance
  • Gabrielle Desrosiers
jeudi 6 septembre 2018, à 19h

Deux choses : il faut que quelque chose se couche — à la manière d’un corps qui tombe en chute libre; et il faut un bon souffle court.

Le souffle court, à force de courir en rond, de s’entraîner, à n’en pu finir, apportera la chute. Les bras vers le soleil, le soleil chutant sur ses bras, écourteront notre souffle. Quarante-cinq degrés de température corporelle, 45 degrés d’angle sur le mur, 45 degrés, dis-je, maintes fois répété. On pourra même pu voir le plafond de la galerie se cliver pour nous offrir cette chose en chute, ce soleil peut-être.

Cela dit, l’entrainement, le ventre à nu, les chaises, le squat, le bruit, les déplacements, la pomme mangée, la bave par terre, l’équilibre précaire, les pantalons détachés, l’escabeau rapidement grimpé, le ménage, l’entrée, qui est aussi la sortie, de la galerie, le plexus, le ventre, encore, encore; Oops!… I Did It Again de Britney Spears, Bachir — peut-être — et le foutu soleil, ne sont que d’infimes choses fragmentaires avant que Gabrielle ne chute.

Seconde chose : tout ce qui monte redescend et, inversement, tout ce qui redescend montait – à la manière de bras qui s’élèvent vers le ciel avant de redescendre vers la terre.

À défaut d’une chute libre, une longue descente vers le crépuscule. La capacité a porter  sur elle ciel et soleil, jusqu’au dressement de la lune. Durant ce temps, la précarité du corps subissant l’entraînement sans fin d’une sprinteuse sans cardio, d’une athlète sans muscles.

Jusqu’au moment où le dernier rayon du soleil murmure à l’oreille de l’artiste : « criss tombe ».

Puis, l’échec, la chute et, enfin, le crépuscule.

– Texte de steven girard


Biographie de l’artiste

Née à Québec en 1986, Gabrielle Desrosiers étudie d’abord la scénographie à l’École de théâtre du Cégep de Saint-Hyacinthe  de 2003 à 2007, puis les arts plastiques au département des beaux-arts de l’Université Concordia à Montréal de 2014 à 2018 ainsi qu’à Bezalel Academy of Art and Design à Jérusalem (2017). À la fin de son baccalauréat, elle est récipiendaire du Irene F. Whittome Prize in Studio Arts 2018. Gabrielle Desrosiers vit et travaille principalement à Montréal. Depuis 2014, son travail fut présenté à Jérusalem, en Italie et au Québec, entre autres aux résidences de création de Natashquan ainsi qu’à Montréal au festival Art Matters, sans oublier à Zone-Homa, à l’Usine C, au VAV Gallery, au Eastern Bloc, chez Gham & Dafe, Espace Projet, à Dare-Dare ainsi qu’au Centre des arts actuels Skol.

Sa pratique interdisciplinaire se caractérise par une collecte intuitive d’images, d’objets et de fragments. Elle se définit principalement par la performance et l’installation à multiples éléments combinant divers médiums. Ses recherches actuelles manipulent l’action, la photographie, la vidéo et exploitent des matières comme le papier, la peinture et la céramique. Gabrielle Desrosiers utilise simultanément le sensible, l’humour, le symbole et le formel. Elle provoque une sorte de malaise et de perception trompeuse en navigant entre le précaire, l’absurde, la beauté, le tragique, le réel et le faux. On ne sait s’il faut s’en amuser ou en pleurer. À travers son travail, Gabrielle Desrosiers ne cherche pas à atteindre une finalité, mais plutôt à trouver un moyen de rebondir.


Biographie de l’auteur :

steven girard est (co)organisateur d’événements artistiques, artiste performeur, manœuvrier et artiste conceptuel. Il a présenté plusieurs de ses propositions esthétiques notamment lors de la Rencontre d’arts visuels de Yaoundé en 2016, lors de Peras de olmo – Ars Continua 2016 à Buenos Aires, lors de l’Échange Boston/Québec en 2014 ou encore lors de l’exposition solo I’m too many to tell you en 2018 au centre d’artistes le Lobe à Chicoutimi.

Récemment diplômé d’une maîtrise en arts visuels et médiatiques de l’UQAM, l’intitulé de son mémoire est Déprise de soi : opacité offensive en performance comme mise en cause de l’être et de sa visibilité. Il s’intéresse tout particulièrement aux postures de périphérie disciplinaire, géographique et institutionnelle et aux formes d’invisibilisation au regard social et étatique en art action et en art visuel.