Sculpture

  • Liliana BEREZOWSKY
du 11 septembre qu 09 octobre 2010

Pendant plusieurs années, mon travail s’est inspiré directement du paysage industriel et de la machine. Le monde actuel me fournit une référence familière et cela même si mon désir est justement de dé-familiariser, de questionner la réalité et d’insister sur la difficulté de savoir et de comprendre.

Cette série de sculptures fait allusion aux contradictions qui existent entre libération et technologie, entre progrès et chaos.Les oeuvres suggèrent une fonction inconnue, une utilité, mais ne servent à rien qui soit évident.

Elles englobent également le plaisir, cet absurde plaisir qui surgit d’une connaissance viscérale du monde, d’une ouverture vers la vie dont fait intrinsèquement partie la conscience du danger et de la mort.

Malgré le poids de mes oeuvres, mon travail demeure une affirmation de liberté, une vision de la gravité en état d’apesanteur.

En 1995 j’ai commencé à produire une série de sculptures plus petites, plus intérieures, qui suggèrent un espace plus confiné et qui invitent le spectateur à partager l’intimité et la mémoire.

De nouveau, l’impact de l’oeuvre repose sur la contradiction : séduire, attirer le regardeur mais dans un même temps, le repousser. C’est demander au spectateur d’occuper simultanément les deux positions et en ce faisant, de suspendre le moment présent.

Dans ma production la plus récente, celle que je me propose de poursuivre, mon intention est de marier ces deux directions et de faire allusion aux mythes de la vie comme s’il s’agissait d’expériences vécues.

Les matériaux que j’utilise se sont également diversifiés. Je me suis éloignée de l’acier et du béton et j’incorpore des matériaux qui me sont moins familiers, plus inattendus, tels la fourrure, le suède, le plomb, le graphite ou encore le caoutchouc.

Je continue à fabriquer des sculptures de grandes dimensions et j’expérimente pour la première fois avec de petites oeuvres qui font partie d’une série intitulée Pour toi après minuit.


Arrivée très jeune au Canada, elle complètera plus tard ses études à l’Université de Toronto avant de déménager en Amérique du Sud où elle séjournera pendant six ans. 

Deux expériences vécues là-bas influenceront plus tard son travail de façon marquante.

La première fut d’avoir survécu au crash d’un avion de ligne commerciale et d’avoir été la seule personne à s’en sortir sans blessures graves parmi les onze passagers survivants. La seconde, de constater la présence des derricks des compagnies pétrolières qui perçaient la terre de la jungle – un hallucinant contraste entre les machines de l’ère moderne et le décor sauvage et primitif de la nature doublé d’une dimension sexuelle intense.

À son retour au Canada et à son arrivée à Montréal, à nouveau migrante et à nouveau marginale, sans connaissances de la langue française et sans amis, ce sont les structures des toitures vues des autoroutes élevées qui deviendront ses premiers compagnons. Elle décide alors d’oser réaliser son rêve d’enfant et de devenir artiste. Elle complétera un Baccalauréat puis une Maitrise en Arts Visuels à l’Université Concordia. 

Liliana Berezowsky a toujours intégré les expériences accumulées de sa vie dans son travail mais, ne les a jamais utilisées de façon directe ou délibérée dans ses sculptures. Il arrive d’ailleurs souvent que le sens qui en émerge lui réserve des surprises. Par exemple, Jenyk IV, une oeuvre liée au Port de Montréal et à l’industrie de la couture, renferme des références à la dissolution de son mariage qui furent pour elle complètement inattendues. 

Le récit des mythes grecs dont son père lui faisait la lecture à l’heure du coucher, ses enfants, les hommes qui ont fait partie de sa vie, les contradictions et les paradoxes de son existence, tout cela aura contribué à l’expression de son art. 

Elle a participé à de multiples expositions solos et de groupe à travers le Canada ainsi qu’à Berlin en Allemagne. Son travail fait partie de nombreuses collections muséales au Québec et ailleurs au Canada dont celles de la Galerie Nationale du Canada, du musée des Beaux-Arts et du musée d’Art Contemporain de Montréal , du musée national des Beaux-arts de Québec et de celles des musées de Joliette et de Lachine. Elle est également l’auteure de plusieurs oeuvres d’art public au Québec.

Deux catalogues ont été publiés sur ses oeuvres dont un par le Centre Saidye-Bronfman en 1989 et un second par la Centre International d’Art Contemporain de Montréal en 1999. Son travail est représenté dans plusieurs catalogues de groupe et dans le livre d’Anne Newland, Canadian Art.

Liliana Berezowsky enseigne à temps partiel à l’Université Concordia depuis 1988

Article de Jocelyn Connolly dans Espace 96, 2011

Article de Veronica Redgrave dans Vie des arts 221, p.14