Surtout ne prends pas froid

  • Maude LÉONARD-CONTANT
du 31 mars au 28 avril 2007

Ces bouleaux semblent bien vrais. Couleur, texture, trajectoire, tout semble juste. Mais il y manque aussi des bûches, cette corde de bois qui, dès l’entrée, révèle l’artifice. Entre le vrai et le faux, cette forêt se déploie comme un lieu vraisemblable. Un espace ne suggérant ni direction ni origine. Sans racine ni cime, la provenance de ces bouleaux s’enfonce dans un sol opaque et leurs destinations se voilent d’un blanc sans indice. Suspendue entre la terre et le ciel, entre le fondement et la visée, cette forêt croît. D’une croissance sinueuse et discontinue s’interrompant un moment et poursuivant sa course jusqu’à la cime invisible. Mouvement, arrêt, et puis mouvement : cette forêt donne la mesure d’un rythme brisé.

Une croissance et un rythme qui ne sont pas ceux d’une nature romantique. Par la coupe, les hommes ont ponctué et ponctuent la mesure. Cette forêt n’est pas vierge du souffle de la technique. Car après tout, ne l’oublions pas, une forêt est aussi une masse de bois servant nos intérêts. À cet effet, cette corde de bois, qu’en fera-t-on? Un feu pour se réchauffer, une maison pour y habiter, un sentier pour se promener, ou peut être s’agit-il justement de ne rien en faire? Écartillés entre nature et technique, ces bouleaux ne sont en rien un clin d’oeil nostalgique au passé glorieux d’une nature épanouie ni un simple amas de bois potentiel. L’équation de cette oeuvre n’est nullement naturaliste ni technique. Ces bouleaux révèlent une nouvelle situation, un espace inconnu.

Entre origine et destination, entre nature et technique, entre vrai et faux, entre le mouvement et l’arrêt, cette forêt nous ouvre un écart : un écart vraisemblable, un écart croissant par le mouvement et l’arrêt, un soupir entre deux temps forts. Que faire dans cet écart, cet entre-deux, ce lieu intermédiaire? Il s’agira simplement de s’y trouver. D’abord une mise en garde, il faut entendre le titre de la dernière oeuvre de Maude Léonard Contant comme une invitation. Surtout, il ne faut pas y prendre froid. L’invitation est gentille, mais la mise en garde précise: l’hiver sera blanc.

Christian Frenette


FORMATION
2000-2004 : Baccalauréat en arts visuels et médiatiques profil création, UQAM
1998-2000 : DEC en arts plastiques, Cegep du Vieux-Montréal

EXPOSITIONS COLLECTIVES

2006 : Pathologies (Projet Complot), Centre des Arts Amherst, Montréal

2005 : Sensorium, Maison de la culture Maisonneuve Pique-Nique, Parc Lafontaine, Montréal
Zone de Turbulences, Galerie Onze, Montréal
Printemps plein temps, Galerie de l’UQAM, Montréal
Die Tücke des Objekts, Galerie Gruppe Grün, Bremen, Allemagne
Exposition Portes Ouvertes, UQAM, Montréal

RÉSIDENCE
2006: Centre d’artistes Caravansérail, Rimouski

Article d’Isabelle Lelarge dans ETC, #78, 2007

Site internet de l’artiste