Taş yerinde ağırdır. (La pierre est lourde à sa place.)

  • Diyar Mayil
Du 4 novembre au 9 décembre 2023 - Vernissage, le 4 novembre de 13 h 30 à 17 h 30. Rencontre avec l'artiste à 13 h 30.

Galerie I

Déployant les couches de l’arrivée et du départ, Diyar Mayil invite les visiteurs à se questionner sur les notions de sûreté et de sécurité à travers une série d’œuvres d’art installées in situ. Des expériences aux sensations inconfortables pourront être expérimentées aux périphéries de l´espace, suivies d’un soulagement momentané, mais l´inconfort reste le principal ressenti. Mayil se fait l’écho de moments subtils et personnels qui évoquent tranquillement et lentement le manque de sécurité que chacun vit régulièrement de façon inaperçue et qui finit par être intériorisé.

L’exposition personnelle de Mayil met en oeuvre, dans cette optique, une série de sculptures qui délimitent les frontières de son installation au CIRCA, devenu territoire d´expérimentation sensible. L´ installation regroupe des pièces inspirées d’infrastructure urbaines transformées à l´aide de multiples matériaux, verre, graphite, bronze, métal/aluminium et poils de brosse. En tenant les mains courantes fixées aux murs, en étant attiré vers les rideaux de graphite qui font face à l’entrée et en observant l’extincteur automatique en verre suspendu au plafond, Mayil éloigne délibérément le visiteur du centre et l’oriente vers les périmètres physiques de l’espace. En plaçant les individus en marge, Mayil incite un mouvement qui invite les visiteurs à se maintenir dans ces frontières spatiales. Les périphéries ou les franges représentent tout ce qui est considéré comme indésirable, mais qui occupe néanmoins inévitablement l’espace.

Ce qui est éloigné du centre habite l’expérience périphérique, y compris les modes d’existence personnels tels que les états mentaux tenaces, les sentiments difficiles, les souvenirs non exprimés, les soucis non résolus et les cas négligés. Cette tâche méticuleuse, assumée par Mayil, guide les spectateurs vers ces espaces périphériques afin qu´ils s´y sentent à l’aise tout en les habitant. Privilégiant le sensoriel à l´intellect, Mayil provoque un dialogue autour de la sécurité et de l’inconfort en assemblant un riche choix d’interactions matérielles : durable et fragile, lourd et léger, dur et mou, froid et chaud, et inflammable et ininflammable. Défiant la fonctionnalité promise de la main courante en tant que simple source de soutien, la main du visiteur rencontre la caresse vulnérable des poils doux cachés. Accompagné par la fragilité de l’arroseur tout en verre, les rideaux sombres en graphite et le sac fragile excessivement rempli de fruits en bronze, Mayil présente un ensemble de sculptures qui font écho à la possible vulnérabilité sur le site même.

Texte d’Irem Karaaslan 

 

Biographie de l’autrice 

Irem Karaaslan est kurde d’Istanbul et étudiante en deuxième année d’études supérieures en histoire de l’art à l’Université McGill. Ses recherches portent actuellement sur la manière dont les artistes contemporains démêlent dans leurs œuvres d’art la relation entre la soi-disant crise migratoire et les schémas de longue durée du colonialisme. Elle s’intéresse particulièrement à la compréhension des thèmes de la maison ou des espaces transitoires comme la mer au sein des itinéraires migratoires. Les espaces ressemblent à des seuils et permettent à quelqu’un d’arriver chez lui, s’il a la chance de survivre à des itinéraires de migration fatigants et exigeants. Elle a travaillé avec l’atelier des artistes en exil à Paris, en France, afin d’acquérir une expérience pratique avec des artistes exilés du monde entier. Elle a également participé à la huitième édition de Montréal Monochrome en répondant à la célèbre question de Fanon Pouvons-nous liquider le passé une fois pour toutes ? à Articule.

Biographie de l’artiste

Artiste originaire d’Istanbul, Diyar Mayil est établie à Montréal. À travers la sculpture, l’installation et la performance, elle aborde la question du confort et de l’inconfort, de l’adaptation et de l’acceptation de corps différents, dans des contextes publics et privés. Son travail a été exposé à New York à la NARS Foundation en 2022, à Montréal à la galerie Leonard et Bina Ellen en 2020, à la Centrale Powerhouse en 2020 et dans le cadre d’une exposition individuelle au Centre Clark en 2022. La même année, elle a été lauréate de la Bourse Claudine et Stephen Bronfman en art contemporain et du Liz Crockford Artist Fund Award. Son travail est soutenu par le Conseil des arts du Canada et le Conseil des arts de Montréal. Diyar Mayil est titulaire d’un baccalauréat en beaux-arts et d’une maîtrise en Studio Arts de l’Université Concordia.

 

Remerciements

Diyar Mayil voudrait remercier : Abbas Akhavan — Monique Dechamps — Perry Droudy (Gicleur Moderne) — Kandis Friesen — Nicolas Forlini — Samuel Guertin — Andrew Hoekstra — Kelly Jazvac — Irem Karaaslan — Michelle Lacombe —Laser Art Mtl — Jeanne Letourneau — Brendon O’Neill — Alberto Porro — Gabriel Scott-Seguin — Fayez Sharabaty Carmine Tagliamonti — Kevin Teixeira— Liz Xu

L’artiste voudrait aussi remercier le Conseil des arts du Canada, La fondation Bronfman, la Bourse Groupe Canva et CIRCA art actuel.

Video credit: Noémie da Silva

Crédit photo : Jean-Michael Seminaro