Village Démocratie

  • Karine GIBOULO
du 14 avril au 26 mai 2012

Après avoir visité les dessous du « made in China » (All you can eat et Village électronique, 2008), Karine Giboulo se penche ici sur une autre facette de la mondialisation économique et de l’urbanisation : la croissance effrénée des bidonvilles (principalement dans l’hémisphère Sud et dans l’Orient). Car si la vie en campagne devient de plus en plus difficile, la migration des populations rurales vers les villes transforme souvent l’espoir des paysans en un second cauchemar. En effet, il est plus juste de parler de sur-urbanisation, de « bidonvilisation » – pour reprendre le terme du sociologue Mike Davis –, cette réalité grandissante découlant principalement du fait que l’explosion des populations urbaines se fait en dépit du déclin économique des villes du Sud, qui les rend inaptes à loger et à employer tous ces migrants.

« Village Démocratie », c’est le nom d’un bidonville en périphérie de Port-au-Prince (semblable à Cité Soleil). Ce nom tout en ironie – et donc à l’image du travail de Giboulo – choisi pour titre de l’oeuvre, fait de celle-ci un hommage à ses habitants, qui ont accueilli l’artiste dans leur quotidien et qui ont partagé avec elle quelques fragments de leur vie.

Les Haïtiens et les Africains qu’elle a rencontrés lui ont donné matière à réfléchir longuement et à continuer à créer. Du haut de son hémisphère Nord, elle bâtit non pas un « mini Village Démocratie » à strictement parler, mais un village global qui réunit le Nord et le Sud, l’opulence et la faim, mettant en scène les contrastes de deux réalités aux antipodes. Illustrant, matérialisant et questionnant le « lien invisible » qui nous rattache tous les uns aux autres. Un lieu du tragique de la condition humaine, qu’elle affabule et qu’elle universalise. En le juxtaposant à des univers imaginaires des plus contrastants, l’artiste cherche à représenter le cuisant clivage qui nous sépare.


Née en 1980 à Sainte-Émélie de l’Énergie, Karine Giboulo vit et travaille à Montréal. Depuis les dernières années, Karine Giboulo a participé à de nombreuses expositions individuelles et collectives au Canada et aux États-Unis: plein sud, Longueuil (2011), Mendel Art Gallery, Saskatoon (2010), 21c Museum, Louisville (2010), Musée Des Beaux-Arts de Montréal (2010), Galerie du Nouvel-Ontario, Sudbury (2009). Karine Giboulo est lauréate 2011 du prestigieux prix Winifred Shantz en céramique. En 2009, elle se mérite le second prix dans le cadre du concours Impulse de la foire internationale PULSE NEW YORK. Son travail a été appuyé par quelques bourses du Conseil des arts du Canada et du Conseil des arts et des lettres du Québec. Ses récentes oeuvres, All you can eat et Le village électronique, font respectivement partie des collections du Musée des Beaux-Arts de Montréal (Québec, Canada) et du 21c Museum (Kentucky, États-Unis). Karine Giboulo est représentée par la galerie Art Mûr de Montréal.