Des espaces coquilles

  • Mathieu FRASER-DAGENAIS
du 18 février au 18 mars 2006

Le projet réalisé pour la petite salle de Circa est une construction en bois traité, un balcon, peut-être même une galerie. Cette construction longe lemur à une hauteur de 2,10m. et, faisant abstraction de son inaccessibilité,permettrait de courts déplacements latéraux et une vue à hauteur du plafond. En communiquant avec un corridor, une ouverture dans le mur,elle propose une alternative spatiale, celle des espaces coquilles.

Les espaces coquilles, sous différentes nominations, ont une histoire :celle de l’altérité. Ils étonnent, ceci plutôt par leurs formations que par leurs formes, car à l’inverse des constructions habituelles, ils se forment de l’intérieur, si bien qu’on ne sait pas ce qui s’y cache. C’est d’ailleurs ce que Bachelard souligne dans son texte sur les coquilles, soit que la nature de son habitant demeure mystérieuse et donne -aurait donné- lieu à divers mythes. Puisque ces espaces se retirent du visible et ne peuvent être visités, ce sont des espaces de l’imagination. Ainsi, ils instaurent un problème de circulation; c’est-à-dire qu’on ne sait pas comment y entrer, ni comment passer d’un espace à un autre.

À vouloir catégoriser, le projet Des espaces coquilles fait partie de cette sculpture qui ne se sculpte pas, mais qui s’édifie, se construit. Il prend le mur pour ancrage et de cette façon, le spectateur ne peut le contourner. Le balcon cadre et absorbe alors ce dernier et ce qu’il donne est de l’ordre du détail, celui oublié ou jamais perçu, celui qui réactualise un lieu. On pourrait dire que ce balcon est comme un pont, qu’il relie deux espaces. Dans ce cas-ci, le balcon travaille directement avec la notion de muralité. Logiquement, il joue au percement de la surface et réagit par connexion, alors que le mur sépare, divise et compartimente. Le balcon, en architecturant le lieu, émet aussi la possibilité d’une circulation. Ainsi, l’exposition Des espaces coquilles pourrait avoir une surface pour point de départ, celle du mur.

Des espaces coquilles rassemble aussi quelques dessins qui élargissent cette proposition. Car le balcon est une plate-forme où l’on s’arrête, mais avant tout, où l’on circule, il ne peut se réduire au statut d’interface entre l’extérieur et l’intérieur. Il a certes un effet dynamisant lorsque sa présence résulte d’ouvertures, mais il est d’ordinaire accessible et du coup, le siège d’une expérience. Ces dessins ramènent donc le balcon à l’extérieur et, abstrait comme modèle de parcours, le présentent comme circuit autour de la demeure.

Par inversion, il y a une habitation qui longe un balcon. L’intérieur de la coquille, projeté dans cette qualité des choses imaginaires, est habité. Le spectateur est cependant frustré dans son exploration visuelle puisqu’elle se heurte au mur qui fait écran. Le balcon est légèrement trop haut; il faudrait sauter, ou mieux encore, avoir une échelle pour y grimper. L’espace coquille se refuse à la visite et c’est ainsi qu’il reste mystérieux.

Mathieu Fraser-Dagenais


FORMATION

2001-2004 Baccalauréat en arts visuels (création), UQAM
2003 Centre Universitaire Canadien à Berlin (littérature)
1999-2001 D.E.C. en arts plastiques, Cégep du Vieux-Montréal

DIFFUSION

2006 Dennis M et le dernier pavillon, 3e Impérial, Granby, (à venir)
2006 Espace blanc II, Caravansérail, Rimouski, (à partir du 12 février)
2005 Le labyrinthe, Espace 0…3/4, Atelier Silex
2005 Die Tücke des Objekts, Kunstfruhling 2005, BBK-Bremen, All.
2004 Paramètre 2004, Galerie UQAM
2004 Complot II, (Catalogue)
2004 Printemps plein temps, Galerie UQAM

PRIX ET BOURSES

2003 Bourse de mobilité du Ministère de l’Éducation du Québec
2001 Bourse d’exposition du CVM

RÉSIDENCES

2006 3e Impérial
2006 Caravansérail
2005 Atelier Silex

EXPÉRIENCES ET IMPLICATIONS DANS LE MILIEU

Comité de programmation depuis 2002 à Dare Dare,
Membre de son conseil d’administration depuis 2004

Article de René Viau dans Le Devoir, 25 février

Site internet de l’artiste