In media res…Terra Incognita
- Marie-Claude VALLERAND
Les oeuvres de Marie-Claude Vallerand invitent à des traversées noctambules par le biais d’installations sonores et vidéographiques. Les espaces nocturnes se composent de scènes isolées, étayées par une trame sourde et continue. L’installation In media res…Terra Incognita (2009) poursuit cette quête de lieux indéfinis où viennent s’articuler puis se confondre les différentes percées fantasmagoriques, puisées par l’artiste dans un monde irréel.
Les éléments autobiographiques, mettant en scène les archives familiales de l’artiste (Trous de Mémoire, 2003), ou son portrait (In media res…Desirerare, 2007), interviennent dans l’oeuvre sans faire autorité pour autant. Dissous dans la matière filmique, ils évoquent des réminiscences et des persistances de la mémoire, relevant d’une histoire passée sans en constituer le récit. Les indices optiques – visages, lieux et corps, méticuleusement désolidarisés de leur contexte d’origine – représentent des parcelles d’oubli, associées aux traces fugaces de leur auteur. En déplaçant le récit autobiographique vers ses formes les plus résiduelles, l’artiste ramène la figure humaine à un statut anonyme et originel, dans l’indistinction de son identité. Avec les vidéos In media res…Desirerare et In media res…Terra Incognita, le portrait individuel est associé – jusqu’à sa complète dissolution – à un univers végétal et animé par des éléments tels que le vent, le déplacement subtil de végétaux ou encore la lumière incandescente de résidus enflammés dans l’air. À l’instar de ses séquences photographiques (Alice n’ira plus au pays des merveilles, 2003-2005; État de corps, 2003) l’artiste s’est tournée vers le paysage, pour le mener vers ses zones d’ombres et ses perceptions microcosmiques.
Les paysages se succèdent à travers des plans rapprochés et des cadrages où chaque élément est ramené à une surface mouvante et abstraite. La nature est filmée en de longs mouvements rotatifs et en plans continus où s’enchevêtrent divers éléments tels que de la mousse, les arborescences de la forêt, le pointillisme d’une vue céleste. Associé à une caméra fixe, le mouvement de circonvolution est créé par la disposition des éléments sur une plaque en constante rotation sur son axe. Il produit un décentrement sans fin et déconstruit irrémédiablement le pourtour de l’image. Devenu impossible, le cadrage opère un lent glissement de l’image sur elle-même. Le perpétuel déplacement, à l’instar de la lente dérive des nuages dans le ciel, se poursuit selon une durée hors de toute chronologie. La mouvance fluide, présente dans la plupart des œuvres vidéos de Marie-Claude Vallerand, s’accomplit grâce à la rotation et la projection en boucle. Avec In media res…Terra Incognita, elle infiltre désormais l’espace d’exposition avec un disque monumental placé au sol qui vient faire écho à l’image cyclique projetée. L’oeuvre crée des espaces matriciels où le mouvement circulaire invite à un retour sur soi à partir de sujets puisés dans le divers du monde. Elle compose ainsi des lieux infinitésimaux et des mondes où l’oeil retourne à un état contemplatif.
Loin de la médiation du réel, l’artiste élabore un fragile équilibre à partir d’éléments simples et archétypaux, se succédant les uns les autres. À travers le lent déploiement des images, elle instaure à nouveau un espace possible pour le regard au plus près d’un temps intérieur et méditatif.
Claire Moeder, critique d’art
Marie-Claude Vallerand possède un baccalauréat ès arts décerné par l’Université de Montréal constitué d’un certificat en publicité (UdeM), d’un certificat en arts plastiques (UdeM) et d’un certificat par équivalence du bac en arts visuels de l’Université Concordia (majeur en photographie). À cela, s’ajoute un certificat en communication de l’UQÀM.
Aujourd’hui, elle complète une maîtrise en études cinématographiques à l’Université de Montréal: projet qui lui a donné l’opportunité de suivre deux séminaires de master I et II à la Sorbonne Nouvelle, Paris.
Depuis 2001, ses oeuvres vidéographiques ont été projetées sur grand écran dans des concours et festivals tel que le Festival des Films du Monde de Montréal; son travail artistique a également été présenté dans différentes galeries montréalaises.
Remerciement
Chaleureusement, je tiens à remercier ceux qui m’ont épaulée tout au long de mon processus de création. Je vous suis extrêmement reconnaissante pour votre ouverture d’esprit, vos commentaires, votre disponibilité ou encore votre aide technique et financière.
Je songe singulièrement à Elisabeth Picard, Marie-Catherine Leroux, Francine Delorme, Martin Boucher, Yasmine Tremblay (Le Mois de la photo à Montréal), Marie-Michelle Deschamps, Martin-Jacques Garand, Marc Dulude, les membres du CA de CIRCA (pour m’avoir donné l’occasion de profiter pleinement de mon long séjour à Paris) et tous ceux, qui de près ou de loin, m’encouragent.