Installation végétale
- Bob VERSCHUEREN
C’est un peu par hasard que j’ai découvert que la nature, et le végétal en particulier, est une source inépuisable d’inspiration. Dès les débuts, j’ai compris que ce matériau allait m’offrir la possibilité d’exploiter le facteur temps, et bien d’autres possibilités insoupçonnées. L’utilisation du végétal dans les arts plastiques permet à chacun d’être confronté à quelque chose qui lui est proche, parce qu’organique, une sorte de reflet de soi. Son usage me permet de proposer un regard à la fois lucide et admiratif sur les constituants de la vie, et de mettre en avant les liens indéfectibles qu’elle entretient avec la mort.
Ma pratique artistique m’a mené à cette réflexion que vie et mort sont inséparables. La vie n’a de sel, n’a de sens que parce qu’elle a une fin. La vie éternelle mènerait inévitablement à l’inertie, puisqu’il n’y aurait plus d’urgence de voir, de sentir, de donner. Proposer une oeuvre en mutation modifie selon moi la façon de la percevoir. Ce sentiment de fragilité, allié au fait de savoir que le travail s’altèrera, parfois dans sa couleur, parfois dans sa forme, nous force le regard: ce que l’on peut voir aujourd’hui sera déjà différent dans quelques jours. Mon travail est aussi basé sur la recherche continuelle d’une certaine parcimonie dans les moyens mis en oeuvre. La simplicité mène à l’essentiel de nos questionnements.
Plus je persévère dans cette voie, plus je considère cette approche comme un cheminement de la pensée qui a des répercussions sur le regard que l’on porte sur l’existence, une sorte de parcours initiatique qui mène à une jubilation de l’instant. Chaque pas dans cette trajectoire est comme une redécouverte des éléments de la nature, des mystères qui nichent dans ceux-ci, de ses lois: les mathématiques, la physique, etc… Ressentir intensément la force du bourgeon, les flux de sève dans l’arbre, la lente progression des racines, le ballet des feuilles toujours en quête de lumière… À travers ma pratique artistique, j’ai le sentiment de m’accorder une place de choix comme spectateur au théâtre de la vie, ainsi que d’acquérir une conscience exacerbée de faire partie de cette incroyable aventure. L’essence même de chaque travail est inscrite dans le matériau choisi. Il me faut découvrir la particularité de celui-ci et chercher le moyen qui me permettra de l’exploiter au mieux. Le plaisir est intense lorsque surgit de cette réflexion une installation qui n’aurait pu se faire qu’avec la plante utilisée, dans le lieu précis où elle a trouvé place.
La fin de chaque exposition se ponctue d’un coup de balai. C’est toujours sans nostalgie qu’elle se termine. Le bonheur de pouvoir inclure l’action du temps dans mon travail est bien plus fort que tout souci de pérennité.
Je considère que chaque personne ayant vu une installation est dépositaire de sa mémoire. Mon travail n’est pas seulement conservé par les photographies publiées, mais trouve aussi une persistance dans chacun de ceux qui l’ont approchée.
Bob Verschueren
Né à Etterbeek (Bruxelles), 23/10/1945 – Autodidacte
Principales expositions récentes
Expositions personnelles
2000 Bruxelles (B), Chapelle de Boendæl / Namur, Maison de la Culture / Borgo Valsugana (I), Arte Sella / Liège (B), Centre Culturel Les Chiroux / Bruxelles (B), Atelier 340 340 Bob Verschueren et l’Île de la Réunion / 2001 Bruxelles(B), ISELP : Avoir Lieu – Bob Verschueren / 2002 Cherbourg (F), École des Beaux-Arts : Tropiques du Nord / La Louvière (B), Centre de la Gravure et de l’Image imprimée : Mise à plat / Geel (B), De Schrijnwerkerij / Bruxelles (B), Atomium : «Atomes de verdure» / 2003 Bruxelles (B), Atomium : «Atomes de verdure» (quatre installations au fil des saisons) / Loverval (B), Galerie J. Cerami / 2004 Tournai (B), Musée de l’archéologie / Bruxelles (B), Cathédrale Ss Michel et Gudule
Principales expositions de groupe
2000 Bruxelles (B), La Maison de Marijke Schreurs / Bruxelles (B) / 2001 Saint Catharines (CDN), Rodman Hall Arts Centre : Threshold 2001 / Pau (F), Musée des Beaux-Arts ( en association avec Materia Prima) : OEuvres d’arbres / Bruxelles (B), Fondation Européenne pour la Sculpture : Patrick Corillon, Jan Fabre, Bob Verschueren / Landau (D), Kunstverein Villa Streccius e.V. : Mensch und Raum / 2002 Bruxelles (B) Galerie Usagexterne : Nature(s) / Bruges (B) Octopus-Art en Marge : Autour de la marge / Sorel-Tracy (CDN), Maison des Gouverneurs : Éphémérides / Bruxelles (B), Palais des Beaux-Arts : Rosas XX / 2003 Bruxelles (B), Centre Culturel Jacques Franck: La science de l’art / La Louvière (B) Musée Ianchelevici: Deuxième nature / Bruxelles (B), De Markten: Frontières / 2004 Jehay (B), Parc du château: Grandeur nature / Mons (B), Été+expos 2004 / Chercq (B), Four à chaux: Lille 2004
Réalisations annexes
Scénographies
– Incubation, 1983, groupe Ourva, création au Théâtre de Banlieue
– Ophélia’s, 1993, Alain Populaire et Elisabeth Maesen, création à la Chapelle des Brigittines
– Anima fragila, 1999, Compagnie Irene K., création au Ludwig Forum für Internationale Kunst, Aix-la -Chapelle (D)
– Le livre des nuits, 2001, Geneviève Damas et Pascale Tison, création au Théâtre de L’L, Bruxelles(B)
Travail sonore:
– Catalogue de plantes, 1995
– Trio « Julienne », avec Jean-Philippe Collard, piano, Vincent Royer, alto. Avec le soutien du Centre de Recherche Musicale de Wallonie
Installation permanente:
– Jardins du Musée d’Érasme, Bruxelles, 2000 – Fondation Claudine et Jean-Marc Salomon, Alex (F), 2002
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