La sculpture en temps et en lieu – 25ème anniversaire de CIRCA

La sculpture en temps et en lieu

Il y aurait mille et une manières de célébrer le 25^e anniversaire du centre d’exposition Circa. Certaines époques et quelques points tournants auraient pu être évoqués : ainsi la première période terre avec l’apport indéfectible du Centre de céramique Bonsecours, le virage institutionnel de l’année 1995 vers un statut de centre autogéré, le parti pris depuis 1996 de jumeler un artiste de la relève et un invité senior. Les nombreux échanges réalisés par le Circa avec l’étranger auraient pu aussi être une porte d’entrée mais on aurait alors multiplié indûment les coûts de transport en ces années de vaches maigres.

Nous avons compulsé des calendriers, des archives et entendu les souvenirs des uns et des autres. Nous avons lu la plupart des textes d’accompagnement des expositions que Circa publie avec une belle constance depuis de nombreuses années et consulté son site Internet qui mériterait bien – au vu de sa tenue impeccable de 2003 à aujourd’hui – d’être mis à jour pour les premières années du centre. Un filon s’est peu à peu dégagé de cette consultation, parfois un peu vagabonde, que l’on pourrait résumer brièvement comme suit : au fil des ans, des expositions, des textes, il semble qu’une attention toute particulière ait été portée à la fabrication de la sculpture ou, pour le dire autrement, que divers temps se dessinent, du dessein de l’oeuvre à son entreposage.

Nous avons donc choisi et déployé des oeuvres qui font écho aux divers moments d’une pratique de la sculpture et/ou de l’installation. Une liste s’est constituée peu à peu, à partir des oeuvres et de certains opuscules (je pense en particulier aux textes de Jean-Émile Verdier sur David Naylor et Francine Savard¹ ) et en guise d’hommage indirect à la Liste des verbes de Richard Serra (1967-1968) que nous avons épinglée au mur. Notre liste n’est pas un guide contraignant ou le plan de quelque jeu de course au trésor : l’ordre donné qui va de dessein à disparition, s’il manifeste une certaine logique, n’oblige en rien le visiteur et encore moins l’artiste. Les oeuvres ne sont pas de simples pièces d’un jeu d’échec, rappelons-nous de l’expression (voire de l’injonction…) de l’historien de l’art et critique René Payant : L’art pense !

¹ Jean-Émile Verdier, Francine Savard. La chambre à peinture : le dépôt, Circa, 1998 et David Naylor. Somewhere, Circa, 2004.

Liste des mots (2013)

dessein         /          insituation
maquette      /         construction
atelier          /           artiste-commissaire
restauration     /     artiste-collectionneur
façonnement    /     entreposage
accumulation   /     taille directe
animation         /      disparition

La lenteur du futur

Sous ce joli titre emprunté à notre ami Jean-Pierre Latour² (1951-2005), on aurait pu regrouper des oeuvres des premières expositions personnelles (qui étaient parfois des moments obligées de soutenances de maîtrise) de certains artistes comme Catherine Bolduc, Marie-France Brière ou Michel de Broin. Des maquettes ou des dessins préparatoires pourraient aussi se retrouver sous ce titre et montrer ce qu’il en est du dessein d’une oeuvre ou d’une carrière. Nous serions alors plutôt dans une didactique de la sculpture qui sied moins à un 25e anniversaire…

² Jean-Pierre Latour, Robert Saucier, 1999.

Écrits pour voir ³

Dans la troisième salle, dite salle de documentation ou de réunion (c’est selon!), nous tentons de rendre compte de ce que l’on pourrait appeler l’activité éditoriale du Circa : une documentation est disponible pendant la durée de l’exposition sous forme de dossiers à l’ancienne (photocopies et diapositives) et de savantes machines de consultation postmodernes⁴ (visuelles et auditives). Des oeuvres viennent ponctuer cet espace documentaire, dans les grandes fenêtres, au plafond, au plancher.

Lise Lamarche, août 2013

³ Autre titre volé, cette fois à Maurice Achard : l’exposition Écrits pour voir regroupait en 1995 des artistes et des auteurs (es) : Denise Desautels et Sylvia Safdie, Louise Warren et Claire Beaulieu, Gaston Miron et René Derouin.
⁴ On pourrait aussi dire ordinateurs et montage sonore… mais pourquoi faire simple ?

Article de Jérôme Delgado dans Le Devoir – Virage féminin à CIRCA