Les circuits lapidaires
- Claude MONGRAIN
NOTES DE TEMPS DE PRISE
A la notion d’objet, substituer celle de circuit. Repousser le moment où s’instaure un principe d’unité qui, dans la forme fi nie de l’objet, s’affi che avec une précipitation suspecte face au chaos du monde.
Dans l’élaboration d’un circuit à expérimenter, déplacer le centre de gravité de l’objet vers le spectateur. Solliciter le corps en tant que centre mobile de l’oeuvre, dans un mouvement ralenti qui déplace le regard et suspend le fl ux accéléré des
informations médiatisées.
Aux valeurs de présence et de permanence, à l’anachronisme associé à la matérialité de la pierre, préférer une matérialité artificielle, banale, actuelle, mais inscrire dans cette matérialité la mémoire enfouie de la pierre et de l’histoire de la sculpture.
Pointer la perte du lien qui unissait la sculpture au monument. Maintenir active l’opposition entre élévation et chute, entre l’action de placer et celle de déplacer, entre le geste d’ériger et celui de répandre.
Par des rapprochements hétéroclites, donner à voir des relations de continuité entre des structures issues de la tradition de la sculpture et des produits de la technologie. Baliser un espace de confrontation entre la sculpture comme expression du mythe et une technologie qui tend à s’ériger en mythe.
Ne pas traiter la galerie comme un simple écrin où l’oeuvre serait mise à l’abri des contradictions du monde extérieur. Laisser filtrer dans l’espace de la galerie les tensions issues de l’espace urbain, de manière à créer une zone d’incongruité, sinon d’inconfort.
Saluer au passage le génie de Gian Lorenzo Bernini.
Claude Mongrain
Né à Shawinigan en 1948, Claude Mongrain a étudié à l’École des Beaux-Arts de Montréal, de 1966 à 1970. Il enseigne à l’École des arts visuels et médiatiques de l’UQAM depuis 1988. Sculpteur actif depuis le début des années 1970, il a tenu de nombreuses expositions individuelles au Québec, au Canada et en France. Il a également participé à des expositions collectives majeures au Canada et à l’étranger: Québec 75 (MAC de Montréal), Dix ans de sculpture au Québec (1980, MAC de Montréal), Pluralités (1980, Musée des Beaux-Arts du Canada), Aurora Borealis (1985, CIAC à Montréal), Elementa Naturae (1986, MAC de Montréal), A-Venture (1986, Exposition itinérante au Canada), L’art de l’installation (1990, MAC de Montréal), Vues d’ensemble (1992, CIAC à Montréal), Tableau inaugural (1993, MAC de Montréal), Bifurcations (1994-95, Exposition itinérante en France), Skultura 95 (Vieux-port de Montréal).
Il a réalisé des oeuvres in-situ temporaires à Montréal, Brétigny-sur-Orge, Sault-Ste-Marie et Toronto ainsi que des commandes publiques à Montréal et Charlesbourg. Il a obtenu des bourses d’aide à la création du Conseil des arts du Canada, du Conseil des arts et des lettres du Québec, du Ministère des Affaires extérieures du Canada, du Ministère des Affaires intergouvernementales du Québec.
Ses oeuvres font partie des collections du Musée d’art contemporain de Montréal, du Musée des Beaux-arts de Montréal, du Musée des Beaux-arts du Canada, du Musée national des Beauxarts du Québec, du Musée de Joliette, de la Art Gallery of Windsor, de la Edmonton Art Gallery, de la Collection Prêt d’oeuvres d’art du Québec, de la Banque d’oeuvres d’art du Conseil des arts du Canada, du Ministère des affaires extérieures du Canada ainsi que de quelques collections privées.
L’artiste remercie l’UQAM pour son appui à la création dans le cadre de son programme PAFARC.
Publication du Musée d’art de Joliette : Claude Mongrain, Les circuits lapidaires, 2003