SCULPTURE SON

  • Michel ARCHAMBAULT
du 24 novembre au 22 décembre 2007

Where is Julian?

Mes préoccupations sculpturales s’organisent autour d’une dynamique de dispersion qui intègre le planifié et l’aléatoire. Je ne cherche pas à contrôler la totalité de l’oeuvre ni à me plier à un idéal de formes mais plutôt à transmettre une émotion, un état d’esprit, une attitude à l’intérieur d’un système. Je m’intéresse à l’extension de la sculpture qui propose au figuré, un scénario dans lequel peuvent entrer de multiples fictions et où je mets en scène un univers complexifié qui se présente sous forme d’une oeuvre mutante, qui intègre les médiums peinture, sculpture et son.

Where is Julian? que je présente à la galerie Circa, se rattache à une idée née de mes installations précédentes. Elle se définit d’abord comme un ‘espace’ de recomposition, une esquisse dans un lieu, tentant d’élargir le contexte et travaillant davantage à partir de paramètres humains. J’ai opté pour des éléments linéaires, de dimensions similaires, qui existent à partir de leurs uniques matérialités. Installés dans l’espace, c’est le vide qu’ils encadrent et rendent visible, je ne privilégie aucune zone de leurs volumes ou de leurs surfaces et ne propose aucune hiérarchie visuelle. Ce sont des éléments tridimensionnels qui s’appuient sur le vide comme pour se soustraire à l’effet de masse. Une sculpture conçue et fabriquée pour subir des variations, une sculpture qui peut prendre plusieurs aspects selon le contexte ou les circonstances; qui peut se réaliser diversement.

Cette exposition donne à examiner la relation entre le visiteur et ce qu’il voit, et à trouver des moyens de dépasser la linéarité du récit, en créant un espace narratif ou une entité narrative dont tous les éléments tridimensionnels et sonores peuvent devenir des déclencheurs d’idées. L’oeuvre est organisée de façon à maintenir le spectateur à l’extérieur, à le tenir à distance et à le guider par des ponctuations lumineuses et sonores. Le propos sonore se veut discret, il s’immisce dans l’intimité du sujet et se compose de bruitages qui se répercutent comme des pulsations qui habitent l’Underground de Where is Julian? Une manipulation de matières sonores qui se traduit par un mouvement auditif.

Avec Where is Julian? je ne cherche pas à finaliser une oeuvre je tente plutôt d’entretenir un sentiment de précarité, de fragilité. Je propose une esthétique du transitoire qui rend compte de la temporalité, une construction hybride sans caractère fixe qui s’écarte des références.

Michel Archambault


Depuis les 20 dernières années, Michel Archambault pratique la photographie, la sculpture et agit comme commissaire. De 1983 à 1988, il réalise avec le compositeur Michel Tétreault, des environnements sonores où interagissent sculpture et musique électro-acoustique assistée par ordinateur. Il expose au Canada et en Europe, et présente au Plan K à Bruxelles, Crux, un environnement sonore. Il poursuit sa recherche de l’intégration du son au visuel en produisant une série de sculptures Thinking Object, des formes autonomes possédant leur propre système de diffusion sonore. Cette étape dans sa démarche l’amène à produire des oeuvres 3D issues de l’art minimal et conceptuel. Sous l’égide de Louise Déry il présente en 1996, au Musée national des beaux-arts du Québec, un corpus d’oeuvres sculpturales et photographiques. Au Centre Expression en 1997, Oasis induit à sa sculpture, par le biais de l’image vidéo, la notion de l’organique.

Simultanément à sa démarche, il s’implique comme commissaire et organise en 1981, INTERFACE 1 avec J. Bernard, P. Leclerc et R. Milliken, un événement multidisciplinaire éclaté dans des appartements et des lieux publics à Montréal. Il conçoit des meubles d’artiste à éditions limitées et est invité en 1993 à représenter le Québec au I.C.F.F. the International Contemporary Furniture Fair à New York. Il fonde en 1997, avec l’architecte P. Leclerc et l’artiste L. Delorme, la première galerie à but non lucratif 200m3 & satellites dédiée à l’architecture et à ses satellites à Montréal. Ils présentent des travaux d’architectes et artistes internationaux et conçoivent des expositions thématiques notamment ISCI The Making of… Une exposition qui témoigne et présente l’architecture et également le processus en direct de l’édification du Musée Interactif des Sciences de Montréal dans le Port de Montréal, installée à l’été 1999 dans 4 conteneurs sur le Quai Jacques Cartier. 

En 2002, Il est invité comme artiste en résidence dans la communauté d’Auroville, au Tamil Nadu en Inde et expose Light of India une série photographique du Sud de l’Inde à la Galerie Thérèse Dion à Montréal en 2005. Il est récipiendaire (comme sculpteur) de la bourse Internationale 2005 de la fondation américaine The Adolph and Esther Gottlieb Foundation. Il est sculpteur en résidence à l’Usine C pour la saison 2005-2006. Il est sélectionné pour Carte Blanche ; un livre sur la photographie canadienne contemporaine initiée par la Magenta Foundation. Il est boursier de la Jackson Pollock Foundation en 2006. Il renoue avec le son et présente à la galerie Circa en 2007 Where is Julian? une oeuvre sculpturale sonore. En hiver 2008, Il participera à l’exposition EntreVoir dirigée par Louise Déry à la Galerie de l’UQAM, qui réunit les artistes Michel Goulet, Dill Hildebrand, Fernand Leduc, et Janet Werner. Il a réalisé des sculptures dans le cadre du programme d’intégration des arts du Ministère de la culture et ses oeuvres font partie de collections privées et publiques.

Michel Archambault tient à remercier la Gottlieb Foundation.

Article de Christine Vincent pour Espace Sculpture #84, 2008, p.23-24

Article de Henry Lehmann dans The Gazette le 15 décembre 2007