Air d’été, tout léger

Steffie Bélanger
    13 mars au 26 avril 2025

    VERNISSAGE: Jeudi 13 mars 2025, 17h30

    ÉCHANGE AVEC L’ARTISTE: Samedi 5 avril 2025 (heure à déterminer)

     

    Douceur des matières, élégance de formes, vocabulaire coloré. Steffie Bélanger nous raconte un Air d’été, tout léger, scandé par le sablage du bois, les tissus élastiques et les rayures vibrantes.

    La démarche de l’artiste s’appuie sur une exploration de l’interface entre art et narration, entre matière et perception, entre espace et surface, qui interrogent les empreintes d’une histoire balnéaire, les traces d’un héritage visuel au bord de l’eau.

    « À la plage, je m’imagine… le sable chaud qui me brûle les pieds, les parents qui interpellent leurs enfants quand le lunch est prêt et les souvenirs de tous les étés passés remontant tranquillement au gré des vagues»

    Ce sont, en effet, les potentiels narratifs de l’installation qu’elle entend questionner pour révéler le côté ironique de nos habitudes à la plage. On y rencontre une enfilade de valises de chars encrées sur papier et bien paquetées pour la sortie prisée des familles ou amis nombreux. Ça sent déjà l’été. Plus loin, serviettes de plage et chaises longues annoncent la couleur. Ode à la diversité des corps en taille directe et aux costumes de bain cousus main. Dans une effervescence récréative, ça sent aussi la crème solaire. On rejoint ensuite les vagues, gravées au laser, qui caressent le bois franc, le silicone mou, le bleu intense et le jaune solaire. Sans oublier le sens pointu des titres qui réinterprètent le langage visuel de tout cela. L’artiste soigne ses créations nourries d’humour et de dérision. Un tantinet provocatrice. À sa manière. Toujours légère.

    Son univers poétique de la plage justifie des ensembles évocateurs de réelles particularités. Pour Renfiler un maillot mouillé, la sculptrice nous porte dans son travail de découpes chirurgicales du frêne et de recomposition minutieuse par emboîtements. Tous les éléments de la figure, déconstruits puis reconstruits sans clous ni vis, apportent une sorte d’épaisseur vitale au sujet. Il n’y a aucun effet facile, tout est dans le passage de cet « être » composite irrésistiblement lié à la difficile tâche de se (dé)vêtir sans pudeur ni intimité. Une part ludique n’est jamais loin.

    Pourtant, sous couvert d’un esthétisme séduisant, son art peut impulser le perturbant. Avec On ne parlera de rien, ce sera formidable, qui clôt cette sortie à la plage, l’artiste dépasse la recherche formelle. Elle a construit une vision aboutie et décalée qui communique aussitôt une sensation d’étrangeté. Un soleil de midi (éc)rasant et une glacière de cire devenue l’obsession d’une volée de goélands créent ainsi une tension qui invite le vacancier à réfléchir sur sa relation avec la nature sauvage, comme terrain de plaisance et d’abandon.

    Tout l’art de Steffie Bélanger lui demande une réflexion assez longue, ainsi qu’un nécessaire aller-retour sur l’œuvre. De fait, elle travaille dans la précision, avec des ajouts et des retraits, et privilégie la lecture polysémique par le chemin détourné de la métaphore visuelle. Ainsi, ses installations sculpturales qu’elle rend en partie cinétiques s’empressent de traverser la rétine et de rejoindre notre imaginaire, les pieds nus dans le sable.

    -Texte de Lindsay Roels

    BIOGRAPHIE DE L’ARTISTE

    La pratique de Steffie Bélanger porte des questionnements liés essentiellement aux matériaux, à partir d’une observation opiniâtre des comportements humains et des objets du quotidien. Bachelière de l’Université Concordia, elle termine sa maîtrise en arts visuels et médiatiques à l’Université du Québec à Montréal en 2018.

    « Ça a toujours été la sculpture », confie l’artiste. Depuis ses débuts, il est question d’une recherche minutieuse à partir de formes déstabilisantes, envisagées comme une structure complexe de mots évocateurs, d’images ou de sensations. Son travail singulier et créatif a été présenté lors d’expositions individuelles et collectives, notamment en 2016 et en 2022 à la Salle Alfred-Pellan à Laval, en 2017 au Centre VU et à l’Œil de Poisson à Québec, en 2018 à la Galerie d’art Stewart Hall à Pointe-Claire, en 2020 au Quai 5160 à Verdun et au Centre d’exposition Lethbridge à Montréal.

    Au cours des dernières années, des formes plus figuratives teintent les projets de l’artiste, à l’image de ses sculptures de bois présentées en 2021 à la galerie B-312, à Montréal, et pour laquelle elle a reçu une bourse du Conseil des arts du Canada.

    Aujourd’hui établie à Montréal, Steffie Bélanger conjugue sa pratique artistique et l’enseignement.

     

    BIOGRAPHIE DE L’AUTRICE

    Lindsay Roels est notamment titulaire d’une maîtrise en histoire de l’art obtenue à l’Université du Québec à Montréal. Réalisées sous la direction de Thérèse St-Gelais, ses recherches ont porté sur les figures de l’hybridité dans les sculptures de l’artiste belge Berlinde De Bruyckere.

    Établie à Montréal depuis 2017, Lindsay Roels se dédie à l’enseignement et collabore à des projets rédactionnels. S’intéressant particulièrement aux femmes artistes et à la représentation des sujets féminins dans l’art, sa réflexion est nourrie par l’histoire sociale de l’art et les études de genre.